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mardi 15 avril 2014

Mots et cie à Carcassonne


Samedi 19 avril à 10h30 à la librairie

Rencontre-discussion avec Elie Treese

« Les anges à part » (Rivages)

Lecture par Valérie Schlée.




Article de l’Humanité par Muriel Steinmetz jeudi 6 Février 2014.

En mettant en scène un groupe de cinq à six garçons et une fille, âgés d’à peu près douze ans, Elie Treese décrit un monde qui n’est pas encore touché par le désir et la perte.
Elie Treese enchante. Il s’empare du sujet de l’enfance avec doigté. Rien de mièvre dans ses mots. Le romancier met en scène, sans avoir l’air d’y toucher, une bande de jeunes, cinq à six garçons et une fille, âgés d’à peu près douze ans. Il les cueille à cet instant précis, véritable entre-deux, où l’enfance qui est là depuis pas mal de temps a, en somme, ses habitudes et ses enchantements, juste avant que n’intervienne la césure de l’adolescence. Ce temps-charnière, fragile, tendre, est celui où le corps ne pèse pas plus que ça mais où les sens sont de plus en plus en éveil.
Cette bande, composée entre autres de Franck, des jumeaux, de la Buse, de Carabi le dernier venu, toujours vêtu de blanc, ainsi que de l’Oiseuse, au corps éblouissant, pour jouer et réfléchir l’après-midi, a élu domicile dans une maison en ruine où le lierre dévore les murs et où la porte d’entrée, intacte, ferme avec une clé; cabane améliorée au plafond défoncé où le ciel impose son bleu comme en rêve. «On a du mal à croire que c’est vrai, écrit l’auteur, on a du mal à croire que c’est bien ici, parce que Maison-Neuve, ça sonne surtout comme une sorte de mensonge. Et d’ailleurs, il y en a qui disent plutôt la Maison-brûlée-en-haut-du-champ, ou encore la Maison-explosée-de-partout, mais la plupart préfèrent Maison-Neuve.» Ils passent là le plus clair de leur temps. Franck nettoie la poussière que Carabi ne veut pas perdre: «Ouais, moi jaimais mieux avec la poussière, et dans un sens, la poussière, ça permet de se rappeler des choses simples, comme le fait qu’on n’est pas grand-chose.» Ces enfants mi-anges, mi-démons parlent un langage de grands avant la lettre. Des grands non encore souillés par les désillusions, par l’appel de l’autre et du désir. Ce qui sort de leur bouche n’est que pure vérité. Lorsqu’ils se fâchent et se battent, ça ne dure jamais très longtemps car le monde extérieur les happe avant, avec ses distractions permanentes: la pluie est un cadeau et la lumière qui court sur les feuilles dun arbre force l’oubli. Ils n’ont aucun ressentiment. Ce sont des natures vierges. Jusqu’au jour où…
Fils d’un Américain, Elie Treese aime Faulkner et Beckett. Il réussit le pari un peu fou d’un récit à la fois très dense et très mince dans une rare économie de mots.

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